Cyrano de BergeracLa Tirade du NezAttendez!Je vais lui lancer un de ces traits!... Il s'avance vers Cyrano qui l'observe, et se campant devant lui d'un air fat. Vous ... vous avez un nez ... heu ... un nez ... très grand. On pouvait dire... Oh ! Dieu !... Bien des choses en somme... En variant le ton, -par exemple, tenez : Agressif : "Moi, monsieur, si j'avais un tel nez Il faudrait sur-le-champ que je l'amputasse !" Amical : "Mais il doit tremper dans votre tasse : Pour boire, faites-vous fabriquer un Hanap !" Descriptif : "C'est un roc!... C'est un pic!... C'est un cap!... Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule!" Curieux : "De quoi sert cette oblongue capsule ? D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ?" Gracieux : "Aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes?" Truculent : "çà, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ?" Prévenant : "Gardez-vous, votre tête entraînée Par ce poids, de tomber en avant sur le sol !" Tendre : "Faites-lui faire un petit parasol De peur que sa couleur au soleil ne se fane !" Pédant : "L'animal seul, monsieur, qu'Aristophane Appelle Hippocampéléphantocamélos Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os !" Cavalier : "Quoi, l'ami, ce croc est à la mode? Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode !" Emphatique : "Aucun vent ne peut, nez magistral, T'enrhumer tout entier, excepté le mistral !" Dramatique : "C'est la mer Rouge quand il saigne !" Admiratif : "Pour un parfumeur, qu'elle enseigne !" Lyrique : "Est-ce une conque, êtes-vous un triton ?" Naïf : "Ce monument, quand le visite-t-on ?" Respectueux : "Souffrez, monsieur, qu'on vous salue, C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue !" Campagnard : "Hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain ! c'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain !" Militaire : "Pointez contre cavalerie !" Pratique : "Voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot !" Enfin parodiant Pyrame en un sanglot: "Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître !" - Voila ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit : Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettre Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot ! Eussiez vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries, Me servir toutes ces folles plaisanteries, Que vous n'en eussiez pas articulé le quart De la moitié du commencement d'une, car Je me les sers moi-même, avec assez de verve, Mais je ne permet pas qu'un autre me les serve.
Edmond Rostand - Cyrano de Bergerac
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Le CidACTE I, SCENE IVN'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher le Comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? Comte, sois de mon prince à présent gouverneur : Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du Roi, m'en a su rendre indigne. Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d'un corps tout de glace inutile ornement, Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense, M'a servi de parade, et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains, Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Pierre Corneille - Le Cid
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ACTE I, SCENE VL'éprouverait sur l'heure. Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! Je reconnais mon sang à ce noble courroux ; Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte. Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte ; Viens me venger. Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel : D'un soufflet. L'insolent en eût perdu la vie ; Mais mon âge a trompé ma généreuse envie : Et ce fer que mon bras ne peut plus soutenir, Je le remets au tien pour venger et punir. Va contre un arrogant éprouver ton courage : Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage ; Meurs ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter, Je te donne à combattre un homme à redouter : Je l'ai vu, tout couvert de sang et de poussière, Porter partout l'effroi dans une armée entière. J'ai vu par sa valeur cent escadrons rompus ; Et pour t'en dire encor quelque chose de plus, Plus que brave soldat, plus que grand capitaine, C'est... Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour. Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense. Enfin tu sais l'affront, et tu tiens la vengeance : Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ; Montre-toi digne fils d'un père tel que moi. Accablé des malheurs où le destin me range, Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge.
Pierre Corneille - Le Cid
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Balzac et la Petite Tailleuse ChinoiseLa Princesse de la Montagne …_ _ La princesse de la montagne du Phénix du Ciel portait une paire de chaussures rose pâle, en toile à la fois souple et solide, à travers laquelle on pouvait suivre les mouvements de ces orteils à chaque coup qu’elle donnait au pédalier de sa machine à coudre. Ces chaussures étaient ordinaires, bon marché, faites à la main, et cependant, dans cette région où presque tout de le monde marchait pieds nus, elles sautaient aux yeux, semblaient raffinées et précieuses. Ses chevilles et ses pieds avaient une jolie forme, mise en valeur par des chaussettes en nylon blanc._ _ Une longue natte, grosse de trois ou quatre centimètres, tombait sur sa nuque, longeait son dos, dépassait ses hanches, et se terminait par un ruban rouge, flambant neuf, en satin et soie tressés. _ _ Elle se penchait vers la machine à coudre, dont le plateau lisse reflétait le col de sa chemise blanche, son visage ovale, et l’éclat de ses yeux, sans doute les plus beaux du district de Yong Jing, sinon de toute la région.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Un Baiser Furtif …_ _ Au fur et à mesure que le récit avançait, j’eus l’impression que quelque chose avait changé chez la Petite Tailleuse, et je réalisai que ses cheveux n’étaient plus tressés en longue natte, mais détachés en une toison luxuriante, une crinière somptueuse cascadant sur ses épaules. Je devinai ce que Luo avait fait, en promenant sa main fiévreuse hors de la moustiquaire. Soudain, un courrant d’air fit vaciller la flamme de la lampe à pétrole et, à l’instant ou elle s’éteignit, je crus voir la Petite Tailleuse soulever un pan de la moustiquaire, se pencher vers Luo dans le noir, et lui donner un baiser furtif.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Lève-toi, que je te montre quelque chose …_ _ Le bruit des pas de Luo me réveilla; il était trois heures du matin. Il me semblait que je n’avais pas dormi longtemps, puisque la lampe à pétrole brûlait toujours. Je le vis vaguement entrer dans la chambre._ _ - Tu dors ? _ _ - Pas vraiment. _ _ - Lève-toi, que je te montre quelque chose. _ _ Il ajouta de l’huile dans le réservoir et, quand la mèche fut en pleine combustion, il prit lampe dans sa main gauche, approcha de mon lit et s’assit sur le bord, l’œil en feu, les cheveux hérissés en tous sens. De la poche de sa veste, il tira un carré de tissu blanc, bien plié. _ _ - Je vois. La Petite Tailleuse t’a offert un mouchoir. _ _ Il ne répondit rien. Mais à mesure qu’il dépliait lentement le tissu, je reconnus le pan d’une chemise déchirée, ayant sans doute appartenu à la Petite Tailleuse, sur lequel une pièce était cousue à la main. _ _ Plusieurs feuilles d’arbre racornies y étaient enveloppées. Toutes présentaient la même jolie forme, en ailes de papillon, dans des tons allant de l’orangé soutenu au brun mêlé de jaune d’or clair mais toutes étaient maculées de tache noires de sang. _ _ Ce sont des feuilles de ginkgo, me dit Luo d’une voix fébrile. Un grand arbre magnifique, planté au fond d’une vallée secrète, à l’est du village de la Petite Tailleuse. Nous avons fait l’amour debout, contre le tronc. Elle était vierge, et son sang a coulé par terre sur les feuilles.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Elle était sans doute la Plus Belle …_ _ Le film, projeté en plein air sur le terrain de basket du lycée bondé de spectateurs, était toujours ce bon vieux film nord-coréen, la petite marchande de fleurs, que Luo et moi avions déjà vu et raconté aux villageois, ce même film qui, chez la Petite Tailleuse, avait fait pleurer à chaudes larmes les quatre vieilles sorcières. C'était un mauvais film. Il n’était pas besoin de le voir deux fois pour le savoir. Mais cela ne parvint pas à gâcher complètement notre bonne humeur. D’abord, nous étions contents de remettre les pieds en villes. Ah! l’atmosphère de la ville, même d’une ville à peine plus grande qu’un mouchoir de poche, faisait, je vous assure, que l’odeur d’un plat de bœuf aux oignions n’était pas la même que dans notre village. Et puis, elle avait l’électricité, pas seulement des lampes à pétroles. Je ne peux dire pour autant que nous étions deux obsédés de la ville, mais notre mission, qui consistait à assister à une projection, nous épargnait quatre jours de transport “d’engrais humain et animal” sur le dos, ou de labour dans la boue des rizières, avec des buffles dont les longues queues risquaient toujours de frapper votre visage de plein fouet._ _ L'autre raison qui nous mettait de bonne humeur était la compagnie de notre Petite Tailleuse. Comme nous arrivâmes après le début de la projection, il ne restait plus que des places debout, à l’arrière de l’écran, où tout était inversé et où chacun était gaucher. Mais elle ne voulait pas rater ce spectacle rare. Et pour nous, c’était un régal que de regarder son beau visage luire des reflets colorés, lumineux, renvoyés par l’écran. Parfois son visage était englouti par l’obscurité, et l’on voyait plus que ces yeux dans l’ombre, comme deux tache phosphorescentes. Mais soudain, lors d’un changement de plan, ce visage s’illuminait, se colorait, et s’épanouissait dans la splendeur de sa rêverie. De toutes les spectatrices, qui était au moins deux milles, sinon plus, elle était sans aucun doute la plus belle. Une sorte de vanité masculine montait au plus profond de nous, devant les regards jaloux des autres hommes qui nous entouraient. Au beau milieu de la séance, après environs une demi-heure de film, elle tourna la tête, et me chuchota à l’oreille quelque chose qui me tua : _ _ - C'est beaucoup plus intéressant, quand c'est toi qui le racontes.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Quand Elle riait …_ _ Encore une fois, regarder rire la Petite Tailleuse me fascina. Elle était d’une beauté différente de celle qui m’avait fait craquer pendant la séance de cinéma en plein air. Quand elle riait, elle était si mignonne que sans exagérer, j’aurai voulu me marier tout de suite avec elle, quand bien même il s’agissait de l’amie de Luo. Dans son rire, je sentais l’odeur des orchidées sauvages, plus forte que celle des autres fleurs posées sur la tombe; son haleine était musquée et torride.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
Elle ne sera plus Jamais une Simple Montagnarde …_ _ Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une de grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts : à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë ..._ _ Quel éblouissement ! J’avais l’impression de m’évanouir dans les brumes de l’ivresse. Je sortis les romans un par un de la valise, les ouvris, contemplai les portraits des auteurs, et les passai à Luo. De les toucher du bout des doigts, il me semblait que mes mains, devenues pâles, étaient en contact avec des vies humaines. _ _ - Ça me rappelle la scène d'un film, me dit Luo, quand les bandits ouvrent une valise pleine de billets... _ _ - Tu sens des larmes de joie monter en toi ? _ _ - Non. Je ne ressens que de la haine. _ _ - Moi aussi. Je hais tous ceux qui nous ont interdit ces livres. _ _ La dernière phrase que le prononçai m'effraya, comme si un écouteur pouvait être caché quelque part dans la pièce. Une telle phrase, dite par mégarde, pouvait coûter plusieurs années de prison. _ _ - Allons-y ! dit Luo en fermant la valise. _ _ - Attends ! _ _ - Qu'est-ce que tu as ? _ _ - J'hésite... Réfléchissons encre une fois : le Binoclard va sûrement soupçonner que c'est nous, les voleurs de sa valise. On est fichus, s'il nous dénonce. N'oublie pas qu'on n'a pas des parents comme les autres. _ _ - Je te l'ai déjà dit, sa mère ne lui permettra pas. Sinon, tout le monde saura que son fils cachait des bouquins interdits ! Et il ne pourra plus quitter le Phénix du Ciel. _ _ Après un silence de quelque secondes, j'ouvris la valise : _ _ - Si on prend seulement quelques livres, il de s'en apercevra pas. _ _ - Mais le veux les lire tous, affirma Luo avec détermination. _ _ Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : _ _ - Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.
Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise
“ La Beauté d’une Femme est un Trésor qui n’a pas de Prix ”_ _ Luo me rejoignit à côté feu. Il s’assit, pâle, sans une plainte, ni une protestation. C'était quelques heures avant la folie de l’autodafé._ _ - Elle est partie, lui dis-je. _ _ - Elle veut aller dans une grande ville, me dit-il. Elle m’a parlé de Balzac. _ _ - Et alors ? _ _ - Elle m’a dit que Balzac lui avait fait comprendre une chose : la beauté d’une femme est un trésor qui n’a pas de prix. Dai Sijie - Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise |
La Maison AssassinéeLa pièce était obscure ..._ _ La pièce était obscure. Ici, le vent soufflait aussi. Sa houle miaulait par le foyer ouvert d’une cheminée froide. Charmaine donna de la lumière. Séraphin se tourna vers la lampe. C'était une statuette de verre humblement a genoux qu’abritait un abat-jour couleur cuisse de nymphe. Elle était posée sur le piano en forme de harpe. Séraphin vit aussi un meuble à écrire, un lit de campagne, très haut, en gros noyer solide, un lit de cadeau de noces et ce devait être le cas. Il vit entrebâillée la porte d’un placard sur des effets féminins. Il vit des livres éparpillés sur un grand tapis, devant la cheminée froide où clapotait le vent. Des coussins en désordre sur ce tapis témoignaient que quelqu’un s’y tenait souvent ainsi, allongé à même le sol. Un parfum flottait sur tant de charme, le même sans doute que la belle veuve portait sur elle. Jamais le mot "bonheur" n’avait eu autant de substance pour Séraphin que devant ces objets choisis. Ces détails, plus tard, beaucoup plus tard, quand il serait perdu seul dans les forets des montagnes pour se taire à tout prix, ils lui reviendraient en mémoire – tout le temps – et ils lui crèveraient le cœur.Pierre Magnant - La Maison Assassinée |
L'Ami RetrouvéExécuté ..._ _ Je saisis le fascicule et j’étais sur le point de le mettre en pièces lorsque, au dernier moment, je retins ma main. M’armant de courage, tremblant, je l’ouvris à la lettre « H » et lus :"Von Hohenfels, Conrad, impliqué dans le complot contre Hitler. Exécuté." Fred Uhlman - L'Ami Retrouvé |
Discours Politiques ImportantsL'Appel du 18 Juin 1940_ _ Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement._ _ Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. _ _ Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. _ _ Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. _ _ Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! _ _ Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. _ _ Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. _ _ Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. _ _ Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. _ _ Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance Française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ... Charles De Gaulle - L'Appel du 18 Juin 1940 |
Textes RévolutionnairesDe l'Horrible Danger de la Lecture_ _ Nous Joussouf Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction._ _ Comme ainsi soit que Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime Porte vers un petit Etat nommé Frankrom, situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus pour leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées : _ _ _ 1. Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés. _ _ _ 2. Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d'âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine. _ _ _ 3. Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place. _ _ _ 4. Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance. _ _ _ 5. Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes. _ _ _ 6. Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence. _ _ A ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité‚ quiconque aurait prononcé‚ quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte. _ _ Et pour empêcher qu'il n'entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de sa Hautesse, né dans un marais de l'Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute nouvelle introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu'il nous plaira. _ _ Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire. Voltaire - De l'Horrible Danger de la Lecture |
La MarseillaiseLe jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie, L'étendard sanglant est levé, L'étendard sanglant est levé, Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Egorger vos fils et vos compagnes ! Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu'un sang impur Abreuve nos sillons ! Claude-Joseph Rouget - La Marseillaise |
武蔵La Mort de Takezō Shimmen …_ _ - Tu oublieras tout, et bientôt. Avant de te transformer en viande séchée, Takezō, regarde bien le vaste monde qui t’entoure. Regarde le monde des humains, et modifie ton mode de pensée égoïste. Regarde bien le vaste monde qui t’entoure. Et alors, quand tu arriveras dans l’autre mode et rejoindras tes ancêtres, rapporte-leur que juste avant ta mort un homme appelé Takuan Sōho t’a dit cela. Ils seront transportés de joie d’apprendre que tu avais un aussi excellent guide, même si tu as appris le sens de la vie trop tard pour apporter autre chose que la honte au nom de ta famille.
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
La Naissance de Miyamoto Musashi …_ _ "Maintenant, il n’y a que ce sabre, se dit-il. L’unique chose au monde sur laquelle je puisse compter." Il posa la main sur la poignée de l’arme, et fit un serment : "Je vivrai selon sa règle. Je le considérerai comme étant mon âme, et, en apprenant à le maîtriser, m’efforcerai de m’améliorer, de devenir un être meilleur et plus sage. Takuan suit la Voie du Zen ; je suivrai la Voie du Sabre. Je dois faire de moi un homme plus accompli que lui. Après tout, je suis jeune encore. Il n’est pas trop tard."_ _ Ses foulées étaient régulières et puissantes, ses yeux pleins de jeunesses et d’espoir. De temps à autre, soulevant le bord de son chapeau d’osier, il contemplait la longue route qui menait vers l’avenir, la voie inconnue que tous les humains doivent fouler …
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
C'est une Affaire d’Homme et de Femme …_ _ Otsū, se retournant, cria :_ _ - Souviens toi, n’essaye pas de t’échapper ! _ _ Elle sourit en montrant ses fossettes, et Musashi, par inadvertance, fit "oui" de la tête. Satisfaite de ce signe, elle disparut dans la boutique. _ _ S’il voulait s’enfuir, c'était le moment. Son esprit le lui dit disait, mais son corps se trouvait encore entravé par les jolies fossettes et les yeux suppliants d’Otsū. Qu’elle était donc charmante ! Certes, personne au monde, à l’exception de sa sœur, ne l’aimait à c'este point. Et elle ne lui déplaisait pas. _ _ Il regarda le ciel, il regarda l’eau, désespérément agrippé au parapet, troublé, confus. Bientôt, de minuscules morceaux de bois, tombés du pont, se mirent à flotter dans le courrant. _ _ Otsū reparut sur le pont ; elle portait des sandales neuves en paille, des guêtres jaune clair et un grand chapeau de voyage, attaché sous le cou par un ruban cramoisi. Jamais elle n’avait été plus belle. _ _ Mais Musashi avait disparu. _ _ Elle poussa un cri d’étonnement, et fondit en larmes. Puis son regard tomba sur l’endroit du parapet d’où les copeaux de bois s’étaient détachés. Là, gravé avec la pointe d’un poignard, un message se lisait clairement : "Pardonne-moi. Pardonne-moi." Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre |
Les Filles …La fille que j’ai vue hierN’est pas là aujourd’hui. La fille que je vois aujourd’hui, Elle ne sera pas là demain. Je ne sais pas ce qu’apportera demain ; Je veux aimer la fille d’aujourd’hui. Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre |
Un Escrimeur appelé Miyamoto Musashi ..._ _ Peu à peu, il prit conscience qu’on appelait à la grande porte._ _ - Excusez-moi, disait la voix. Je viens de l’école Yoshioka. Est-ce que le jeune maître et Tōji sont ici ? _ _ - Comment voulez-vous que je sache ? répliqua Matahachi avec rudesse. _ _ - Ils sont sûrement ici ! Je sais bien qu’il est mal élevé de les déranger dans leurs plaisirs, mais il est arrivé quelque chose de capital. Cela concerne la réputation de la famille Yoshioka. _ _ - Allez-vous-en ! Fichez-moi la paix ! _ _ - Je vous en prie, ne pouvez-vous au moins leur transmettre un message ? Dites-leur qu’un escrimeur appelé Miyamoto Musashi s’est présenté à l’école, et que, mon Dieu, aucun de nous ne peut en venir à bout. Il attend le retour du jeune maître … refuse de bouger avant d’avoir eu l’occasion de l’affronter. Je vous en prie, dites-leur de rentrer vite ! _ _ - Miyamoto ? Miyamoto ?
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
Le Sabre Perça l’Air …_ _ Ensemble, tous trois se rapprochèrent de Musashi. Au même instant, le sabre perça l’air avec le bruit sec dune corde d’arc, et la cri foudroyant rempli l’espace vide. Ce cris de guerre émanait non la seule bouche de Musashi mais de son corps entier : la volée soudaine d’une cloche de temps qui résonne dans toutes les directions.
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
La Réalité de Pareils Sentiments …_ _ Prompt à percevoir la vitalité nouvelle d’Otsū et la beauté qu’elle lui conférait, Musashi brûlait de l’emmener quelque part où ils pourraient être seuls, et de tout lui avouer : combien elle lui manquait, combien il avait besoin d’elle physiquement. Il voulait lui révéler qu’une faiblesse se cachait dans son cœur d’acier ; il voulait rétracter les mots qu’il avait gravés sur le pont de Hanada. A l’insu de tous, il pourrait lui manifester sa tendresse. Il lui dirait qu’il éprouvait pour elle le même amour qu’elle éprouvait pour lui. Il pourrait l’embrasser, frotter sa joue contre les siennes, verser les larmes qu’il avait envie de verser. Il était assez fort, maintenant, pour admettre la réalité de pareils sentiments.Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre |
Un Homme sans Ombre ni Forme …La Lune qui luit surLes eaux non présentes D’un Puits non foré Crée un homme Sans ombre ni forme Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre |
Lorsqu’elle était Triste …_ _ Lorsqu’elle était triste, Akemi songeait souvent que ses difficultés seraient résolues si seulement elle pouvait oublier le passé et jouir du présent. En cet instant, elle hésitait entre s’accrocher aux quelques souvenirs qu’elle chérissait, et les jeter par-dessus bord. Elle décida que si le coquillage de l’oubli existait véritablement, elle ne le porterait pas elle-même, mais le glisserait dans la manche de Seijūrō. Elle soupira en imaginant comme la vie serait belle si Seijūrō oubliait Akemi._ _ Le simple fait de penser a lui refroidissait le cœur de la jeune fille. Elle était tentée de croire qu’il n’existait que pour lui gâcher sa jeunesse. Quand il l’importunait avec ses protestations d’amour, elle se consolait en pensant à Musashi. Mais si la présence de Musashi dans son cœur était parfois son salut, elle constituait aussi une fréquente source de souffrance, car elle lui donnait l’envie de fuir dans un monde de rêves. Pourtant, elle hésitait à s’abandonner tout à fait à son imagination, sachant qu’il était vraisemblable que Musashi l’avait totalement oubliée.
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
Où donc était Musashi …_ _ Silencieuse, elle se remit en marche. Où donc était Musashi ? De tous les chagrins qui assaillent les êtres humains, le plus minant, le plus pitoyable, le plus torturant, c’était de ne pouvoir poser les yeux sur l’être après qui l’on soupirait. Les joues ruisselantes de larmes, elle poursuivait sa route.
Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre
Le Fil de l’Amour s’était Allongé …_ _ Sa passion pour Musashi s’était approfondie et renforcée ; le fil de l’amour s’était allongé, et elle l’avait enroulé en une pelote à l’intérieur de sa poitrine. A travers toutes ces années, elle avait continué de filer à partir de lointains souvenirs, de on-dit, et en avait grossi la pelote de plus en plus. Jusqu’à ces tout derniers jours, elle avait chéri ses sentiments de petite fille, et les avait portés comme une fraîche fleur sauvage des pentes du mont Ibuki ; maintenant, la fleur en elle était piétinée.Eiji Yoshikawa - La Pierre et la Sabre |
Le Petit Prince“ Dessine moi un Mouton … ”_ _ Le premier soir je me suis endormi sur le sable a mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait : …_ _ « S’il vous plait … dessine moi un mouton ! »
Antoine de Saint-Exupéry - Le Petit Prince
Cette Fleur est bien Compliquée …_ _ « Horreur des courant d’air… ce n’est pas une chance, pour une plante, avait remarquer le petit prince. Cette fleur est bien compliquée … »_ _ « Le soir vous me mettrez sous globe. Il fait froid chez vous. C'est mal installé. Là d’où je viens … »
Antoine de Saint-Exupéry - Le Petit Prince
“ Mais Tu es Pur et tu viens d’une Étoile … ”_ _ " Celui que je touche, je rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore. Mais tu es pur et tu viens d'une étoile ... "
Antoine de Saint-Exupéry - Le Petit Prince
Ainsi le Petit Prince apprivoisa le Renard …_ _ Ainsi le Petit Prince apprivoisa le Renard. Et quand l’heure du départ fut proche :_ _ « Ah ! dit le Renard … Je pleurerai. _ _ - C'est ta faute, dit le Petit Prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise … _ _ - Bien sûr, dit le Renard. _ _ - Mais tu vas pleurer ! dit le Petit Prince. _ _ - Bien sûr, dit le Renard. _ _ - Alors tu n’y gagnes rien ! _ _ - J’y gagne, dit le Renard, à cause de la couleur du blé … » Antoine de Saint-Exupéry - Le Petit Prince |
La Montagne de l'Ame“ Lingshan, la Montagne de l’Ame … ”_ _ Toi-même, tu ne sais pas clairement pourquoi tu es venu ici. C'est par hasard que dans un train tu as entendu parler d’un lieu nommé Lingshan, la Montagne de l’Ame. Cet homme était assis en face de toi, ta tasse à thé était posée à côté de la sienne et les vibrations du train faisaient tinter l’un contre l’autre, les couvercles de vos tasses. Les choses en seraient rester là s’ils avaient continué à tinter ou s’étaient arrêtés au bout d’un instant, mais le hasard a voulu qu’au moment où les deux couvercles se sont entrechoqués, tu as eu, en même temps que lui, l’intention de les déplacer et, qu’à cet instant-là, ils se sont tus. Mais, à peine aviez-vous détourné votre regard, qu’ils ont recommencé à résonner. Vous avez tendu le doigt ensemble et ils se sont arrêtés. Sans vous être donné le mot, vous avez ri. Vous avez alors simplement déplacé un peu les couvercles et entamé la conversation. Tu lui as demandé où il allait._ _ - A Lingshan. _ _ - Quoi ? _ _ - A Lingshan, la Montagne de l’Ame. _ _ Toi aussi tu as parcouru le Chine du nord au sud et tu es allé dans de nombreuses montagnes réputées, pourtant tu n’as jamais entendu parler de ce lieu.
Gao Xingjian - La Montagne de l'Ame
Tu l’as Rencontrée près de ce Pavillon …_ _ Tu l’as rencontrée près de ce pavillon. C'était une attente diffuse, un espoir vague, une rencontre fortuite, inattendue. Au crépuscule, tu es retourné au bord de la rivière. Au bas des marches de pierre taillée, le son clair des battoirs à linge flotte à la surface des eaux. Elle est debout, à côté du pavillon. Comme toi elle regarde les montagnes qui s’étendent à perde de vue sur l’autre rive et toi tu ne peux t’empêcher de la regarder. Dans ce petit bourg de montagne, elle sort tellement de l’ordinaire : sa silhouette, son attitude, son air perdu ne peuvent appartenir a quelqu’un du pays. Tu t’éloignes, mais en toi-même tu penses à elle et, quand tu te retournes devant le pavillon elle a disparu.
Gao Xingjian - La Montagne de l'Ame
Tu regrettes d’avoir Raté ton Coup …_ _ Tu regrettes de ne pas lui avoir fixé un rendez-vous, tu regrettes de ne pas l’avoir suivie, tu regrettes d’avoir manqué de courage pour l’embobiner, de passion romantique, d’esprit chimérique, sans lesquels l’aventure ne pouvait se produire. Bref, tu regrettes d’avoir raté ton coup. Toi qui souffres rarement d’insomnie, tu n’as pas dormi de la nuitGao Xingjian - La Montagne de l'Ame |